dimanche 12 juin 2016

Elle n'était pas née pour être mangée, la Grande !


Installée depuis quelques années dans le Languedoc-Roussillon, du côté de Nîmes ou de Béziers, la Grande, une chèvre immigrée...
- Je ne m'appelle pas Blanquette ou Renaude, moi ! Je ne suis pas venue en France pour y être mangée à la Feria de la Pentecôte ou de l'Assomption ! Naboyi na ngai !
en provenance de la plaine du Souss ou de la région de Tindouf, avait entrepris d’enseigner à ses consoeurs indigènes, un peu tartes, l'art de grimper aux arbres pour échapper au loup.

Elle méditait aussi, la Grande...
- Que cette espèce de conasse de nourrice sans petits (et sans même un mec pour lui téter les seins, partager sa couche et lui disputer sa couette) se serve enfin de ses cornes, quoi ! Et que ce stupide canasson cachectique, brutalisé  et terrorisé, apprenne à utiliser ses dents et ses sabots ! 
de conduire à la révolte la vache laitière ménopausée qu'on violente et qu'on supplicie dans les abattoirs et le cheval de corrida qu'on rend sourd et aveugle avant de l'envoyer se faire charger, tamponner, renverser, étriper et piétiner par un butor énervé ou un gros-cul furieux dans une arène remplie jusqu'au goulot d'assassins par procuration et de voyeurs sadiques.

La Grande mijotait également d'inciter la bande des fruits et des légumes à se libérer, à quitter les enclos et les potagers, à regagner les sous-bois, à entrer en résistance, à développer de nouvelles stratégies de survie, à s'inspirer des techniques mises en oeuvre par les mouffettes, les coccinelles et les amanites phalloïdes, à se garder d'être aimables et avenants, à cesser d'être comestibles.


















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