vendredi 8 juillet 2016

On brandit ! (ou comment jouiiiiiiiiiiir et devenir une célébrité)

Tous sont les produits débiles et dégâts collatéraux terrifiants (addicts aux video games et au porno, geeks et enfants gâtés ou laissés-pour-compte frustrés et humiliés, tous paumés, décervelés, déconnectés ou devenus complètement amoks) d'un néo-libéralisme délirant, merdique, prédateur, envahisseur et triomphant qui étend ses tentacules puants et purulents sur le monde entier. 

On ne se tend plus la main, on ne se serre plus les coudes, on n'est plus solidaire de personne, on se suffit.
On n'échange plus, on ne tolère plus, on ne partage plus, on accapare
On veut exister plus que les autres mais on est effrayé à l'idée de se retrouver tout seul.
On déteste, on domine, on réduit en esclavage, on assouvit, on tyrannise.
On s'envoie en l'air, on s'éclate, on savoure, on explose. On a peur aussi du silence. On lui préfère le crépitement des armes et les pets, hoquets et couinements du plaisir qu'on prend et qu'on ne cherche pas à partager.
On veut jouiiiiiiiiiiir, gueuler, s'exhiber, paraître, fasciner, subjuguer, effrayer, posséder et devenir célèbre. Quitte à tuer ou à crever.
On brandit !

Les uns brandissent des bannières et des drapeaux, des bibles, des torahs et des corans, des machettes et des mitraillettes, des slogans et des anathèmes. Ils manipulent des joysticks,  actionnent des déclencheurs, appuient sur des gachettestirent sur des goupilles.

On bombarde, on canonne, on mitraille. On jouiiiiiiiiiiit.
On forme des "coalitions internationales", on conquiert, on s'empare, on recolonise, on phagocyte. On jouiiiiiiiiiiit.
On pousse hors de chez eux les habitants qui s'accrochent à leurs champs, à leurs coutumes et à leurs maisons. On les envoie se faire foutre ailleurs avec leurs vieux, leurs enfants et leurs baluchons. On jouiiiiiiiiiiit.
On porte une capuche, un burnous, un treillis militaire, un gilet pare-balles ou une ceinture d'explosifs et on savoure d'être craint, admiré ou haï. On jouiiiiiiiiiiit.
On s'enfonce des écouteurs dans les oreilles pour ne plus rien entendre, ni les sanglots, ni les cris de colère et de protestation. On jouiiiiiiiiiiit.
On venge ceux de sa famille, de son clan, de son village, de sa région, de sa langue, de son pays, de sa race, de sa classe sociale ou de sa caste, de sa religion ou de ses convictions, de son âge, de son sexe ou de son orientation sexuelle, de son parti, de son camp ou de son bord en se prenant à ceux de l'autre famille, de l'autre clan, de l'autre village, de l'autre région, de l'autre langue, de l'autre pays, de l'autre race, de l'autre classe ou de l'autre caste, de l'autre religion ou de l'autre conviction, de l'autre âge, de l'autre sexe ou de l'autre orientation sexuelle, de l'autre parti, de l'autre camp ou de l'autre bord. On jouiiiiiiiiiiit.
On massacre et on se fait exploser. On jouiiiiiiiiiiit.
On passe à la télé, dans la presse écrite et sur tous les réseaux sociaux. On existe plus que les autres. On devient une célébrité.

Les autres brandissent un téléphone portable au bout d'une perche à selfies et se prennent en photo ou tournent des videos pornos qu'ils balancent aussitôt sur le Net. Ils manipulent des joysticks, actionnent des déclencheurs, appuient sur des gachettestirent sur des goupilles.

On s'épile devant le miroir et on prépare son corps pour l'exhibition ou la copulation. On s'apprête à descendre en Enfer ou à monter au Ciel. 
On se met en condition. On se touche, on se tripote, on se lubrifie, on se graisse les ouvertures. On jouiiiiiiiiiiit.
On se met en position. On dégaine la verge, on élargit les évasures avec un vibromasseur, un speculum ou un chausse-pied. On jouiiiiiiiiiiit.
On écarte les jambes et on replie les genoux. On relève les fesses et on tend les lèvres vaginales et l'orifice du rectum. On jouiiiiiiiiiiit.
On oublie les tendresses, les papouilles et les gazouillis. On n'embrasse plus. On lèche, on suce, on bave, on engloutit, on avale, on recrache. On jouiiiiiiiiiiit.
On ne fait plus l'amour. On se tamponne, on s'arc-boute, on éperonne, on empale, on embroche. On jouiiiiiiiiiiit.
On s'emboîte, on ramone, on éjecte. On jouiiiiiiiiiiit.
On ne s'étreint plus. On saille, on encule, on défonce. On jute et on se vide les bourses. On jouiiiiiiiiiiit.
On ne joue plus à touche-pipi, on ne se fait plus de gros câlins..On se branle dans un vagin, une bouche ou un anus. Ou dans un gant de toilette, une chaussette, un goulot, un gueulard ou un sterfput, le suceur d'un aspirateur. On jouiiiiiiiiiit.
On met en ligne une sextape et on lance sur le marché une cassette de sa nuit de noces. On existe plus que les autres.
On devient une célébrité.

Fulgurances et hallucinations ! 
C'est l'extase, le flash ébouriffantla rupture d'anévrisme, l'éjaculation volcanique, luxuriante et plantureuse, la déflagration suprême ! 
On se rapproche de Dieu, on devient Dieu, on est Dieu ! 
C'est l'épectase !

Mawa...






























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