mercredi 17 août 2016

Attentats, les deux bons gars n'étaient pas vaccinés (à la façon d'André Stas)

Le premier bon gars, un miraculé ordinaire devenu un sauveteur exemplaire, ne revenait  pas d’une fête de quartier et n’avait pas abusé du gros rouge, de l’absinthe, du haschich ou de l’opium. Il n'était pas un fan de charrettes de course, ne galopait pas à une vitesse excessive, n’avait pas raté un virage ni percuté une porte cochère...
C’était un allumeur de réverbères, un cafetier, un culottier ou un concierge de la rue Saint-Nicaise qui s’était distingué lors de l’attentat du 24 décembre 1800 (26 morts et 56 blessés) auquel lui-même et le Premier Consul Bonaparte accompagné par le ministre de la Guerre Berthier, le général Lannes et Lauristan, l'aide-de-camp du tyran, avaient échappé. Le bon gars avait secouru de nombreuses personnes, aidé à transporter et à soigner les blessés, fait des garrots, participé à l'identification des trépassés, répondu aux questions des agents de Fouché, informé la maman de Marianne Peuson, marchande  de quatre saisons près de le rue du Bac, de la mort de sa fille...

Deux mois plus tard, à la hauteur de Senlis, de Boutersem ou de Tellin, le bon gars perdait le contrôle de son véhicule qui se retrouvait sur le bas-côté, heurtait deux arbres et se renversait après être entré en collision avec un cerf traversant imprudemment l’autoroute.
La bonne étoile, l'esprit de solidarité et la reconnaissance des victimes ne rendent pas immortel.
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Le deuxième  bon gars, un macho impétueux et un sportif intrépide, n'avait pas manqué se noyer en essayant de sauver un Pokemon tombé dans la mer ou l'océan. Il n'avait pas non plus été disqualifié d'une épreuve olympique de saut d'obstacles pour avoir abusé des coups de cravache et d’éperons sur les flancs de sa jument rétive...
C’était un chômeur, cireur de chaussures, mouchard ou bookmaker, anarchiste ou manifestant, pickpocket ou commissionnaire, agioteur à la recherche de tuyaux de dernière minute, vendeur de marrons chauds ou de billets de loterie qui glandait devant la banque JP Morgan, au carrefour de Broad Street et de la rue des Wallons et qui s’était distingué lors de l’attentat du 16 septembre 1920 (38 morts et 143 blessés). Le bon gars avait plaqué au sol un broker de la Bourse pour le protéger et avait reçu la médaille de la ville pour acte de courage...

Deux mois plus tard, le bon gars était placé en détention provisoire pour violences conjugales après s’être rendu sur le lieu de travail de la mère de son enfant et avoir menacé d’un couteau à cran d’arrêt et brutalisé son ex-compagne.
Il ne suffit pas de monter sur le podium, encore faut-il sortir de scène sans se ramasser.
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La morale commune de ces deux histoires ?
Il n'y en a pas. Les deux bons gars n'étaient pas vaccinés et leurs histoires ont en commun de n'être pas morales.


















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